André de Jérusalem, dit André de Crète – la voix du Grand Canon

 

André de Jérusalem, dit André de Crètela voix du Grand Canon






✦ Évangile

« Convertissez-vous ; le Royaume des cieux est tout proche. » — Mt 3, 2

✦ Biographie 

Né à Damas vers 660, André appartient à une famille chrétienne melkite. La tradition byzantine rapporte un trait saisissant : enfant muet jusqu’à l’âge de sept ans, il recouvre la parole après avoir reçu la communion au Saint-Sépulcre lors d’un pèlerinage avec ses parents. Touchés par ce signe, les moines du sanctuaire l’adoptent ; il reçoit l’habit monastique à Jérusalem et s’initie très tôt à la psalmodie, à la rhétorique grecque et au syriaque.

Vers 685, le patriarche Théodore l’envoie à Constantinople comme secrétaire de l’“épitrope” (économe) du Saint-Sépulcre auprès de la cour impériale. André s’y distingue comme chantre de la Grande Église (Hagia Sophia) ; sa voix souple et son art d’entrelacer vers bibliques et images orientales touchent même l’empereur Justinien II.

En 692, il figure parmi les théologiens du concile in Trullo (dit “Quinisexte”), chargé de rédiger certains canons disciplinaires. Peu après, il est ordonné diacre, puis nommé archevêque de Gortyne, métropole de Crète. L’île, alors frontière maritime entre Byzance et l’Islam, souffre de raids arabes ; André organise des refuges, restaure des diocèses ruinés et fait traduire des homélies syriaques pour ses fidèles grecs.

Le “Grand Canon”

Son chef-d’œuvre spirituel, le Grand Canon de pénitence, naît durant cette période (v. 715) :

  • 250 tropaires répartis en neuf odes, chacune relisant l’Ancien et le Nouveau Testament comme un miroir de conversion ;

  • une structure en “je” qui entraîne l’assemblée dans une confession dramatique : « J’ai imité Caïn… j’ai trahi comme Judas… » ;

  • un langage tissé de refrains courts (« Ελέησόν με, ὁ Θεός » – “Aie pitié de moi, ô Dieu !”) repris par le chœur après chaque verset, rythmé par des métanies (prosternations).

Aujourd’hui encore, on le chante deux fois pendant le Grand Carême : en “kathisma” (quatre soirs de la première semaine) et en intégralité lors de l’office du jeudi de la cinquième semaine.

Derniers voyages et mort en mer

André poursuit des missions diplomatiques : il négocie en Lesbos la libération de captifs crétois, inspecte les églises de Thessalonique et fait étape au monastère de Stoudion pour y déposer des copies de ses hymnes anacréontiques (encore conservées). Sur le trajet retour, son navire essuie une tempête ; André meurt le 4 juillet 740 et est inhumé à Éréso (Lesbos). Rapidement, des pèlerinages affluent à son tombeau, attestés dès 790 par le chroniqueur Théophane.

Héritage et culte

  • Hymnographe majeur : avec Romanos le Mélode et Kosmas de Maïouma, il fonde la grande poésie liturgique byzantine.

  • Théologien de la Théotokos : ses homélies sur la Nativité de Marie inspirent les iconographes — on lui attribue la première formulation exhaustive de la “Mère de Dieu Pontocrator”.

  • Fête liturgique : 4 juillet (calendrier byzantin ; 10 juillet selon la réforme julienne).

  • Reliques : un fragment de son crâne aurait été transféré à Constantinople (église Sainte-Anastasie) puis à Athènes au XVIIᵉ s.

✦ Note culturelle

Son hymnodie mêle autobiographie spirituelle et résumé de toute l’histoire biblique ; l’icône le représente souvent tenant un rouleau au texte serré comme des vagues.

✦ Prière

Saint André,
toi qui fis pleurer les pierres par ta parole,
accorde-nous les larmes qui purifient le cœur
et la voix qui relève les pécheurs.

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